Si vous aimez les fortes personnalités, les parcours
atypiques et les bonhommes qui ont des choses à dire, vous n‘allez pas être
déçus avec cette interview !
Dan a ce quelque chose de spécial qui, même s’il vit à l’autre bout du monde,
nous bouscule et nous incite à sortir de nos zones de confort. Lisez, vous
comprendrez !
Doit-on vous appeler Dan ou le « Fils du Vent ? »
Mon nom véritable est Daniel Mardon, mais je préfère écrire mes romans sous mon nouveau nom Japonais (qui est le nom de mon épouse car, au Japon, l’homme peut prendre le nom de sa femme). Toutefois, j’écris aussi beaucoup au Japon sous mon nom Français.
Il s’agit de livres techniques et médicaux, car ma femme et moi sommes Physiothérapeutes et je préfère donc ne pas mélanger les deux genres sous mon nom de praticien médical.
Vous avez passé votre adolescence dans une banlieue du 93. Le 9-3 comme on dit parfois.
Que vous a appris votre adolescence dans ce département, si souvent montré du doigt pour sa violence ?
Je suis un authentique Parisien de plusieurs générations du coté paternel.
Ayant beaucoup déménagé et ayant vécu ma plus tendre enfance dans la douceur de nos provinces de l’Est, le retour dans cette banlieue sordide fut un choc traumatisant. J’ai du faire face aux moqueries, car mon accent et langage ne correspondait pas à celui des « titi-parigots ». Le vice et la violence étaient omniprésents. Leur langage ainsi que leur logique m’effrayaient. Je suis rentré dans le rang très vite et déjà au bout de 2 ou 3 mois, j’étais respecté. Mes cheveux roux n’étaient plus moqués.
Très vite, vous vous êtes tournés vers le sport, les sports de combat notamment, ce qui vous a bien réussi puisque vous avez été assistant de l’un des Maîtres du Karaté de l’époque.
La discipline asiatique a-t-elle été un pilier dans votre vie ?
En 1973, c’est l’âge des mobylettes, des blousons, des boums et cette banlieue devient sympathique. On prend le bus à 40 (sans payer) pour aller se bastonner dans une cité voisine et depuis qu’il y a le RER, on descend sur Paris, principalement à la Bastille où se trouvent les vrais rockers… En fait, ce n’est jamais bien méchant. De la frime et de l’intimidation. Toutefois, il vaut mieux rester dans le peloton de tête et il est préférable de s’inscrire à un club de boxe, judo ou karaté. Pour moi c’est tout choisi, ce sera le karaté et je remercie Monsieur Bruce Lee pour ses beaux mots philosophiques. Céline, Camus, Prévert étaient inconnus dans cette contrée …
J’ai fait la tournée des clubs de karaté et de boxe du tout Paris ainsi que de sa banlieue et c’est chez Georges Zsiga, dans le 3e arrondissement de Paris, qui est le berceau de ma famille paternelle, que je fais le choix de m’ancrer. Georges Zsiga est un excellent karatéka, mais également un artiste, comédien et cascadeur qui a une culture énorme. J’y trouve tout ce que j’aime, du sport, de la discipline mais sans trop de testostérone, et de l’art, qui y est présent à tous niveaux. Le cinéma y est présent aussi car nous avons de grands acteurs et producteurs qui viennent s’entraîner régulièrement. Notre club sert de vivier pour recruter des acteurs ou cascadeurs et j’en fait partie.
Vous avez un parcours atypique entre sport de haut niveau, un passage au Cours Florent, une carrière de cascadeur … et vous êtes aujourd’hui physiothérapeute et enseignant en théâtre …
Comment toutes vos vies se sont-elles enchaînées ?
Le Cours Florent ne fut pas qu’un passage mais un cursus sérieux, suivit ensuite de mon adhésion à un autre cours encore plus prestigieux, « L’Actor Studio ».
Parallèlement et toujours en rapport au karaté, j’ai eu très tôt l’envie d’étudier le corps humain. L’obtention du diplôme d’état de prof de karaté en France, nécessite des études presque similaires à celles de kinésithérapeute et je m’y suis lancé en parallèle car le métier d’acteur laisse malheureusement beaucoup de temps libre parfois. Me prenant au plaisir de ces études médicales, j’ai même obtenu aussi le diplôme d’ambulancier ainsi que celui d’hydrothérapeute. Je me suis offert par la suite un séjour d’études/travail de 4 années en Californie ou j’ai obtenu un Diplôme d’Etat de physiothérapeute, tout en faisant en parallèle des cascades et petits rôles à Hollywood grâce au « Club de Karaté des stars » dans lequel j’étais assistant …
Vous publiez un roman – Ginger Samouraï – Itinéraire d’un rouquin gâté.
Y’aurait-il du Belmondo en vous ?
Je suis plus proche d’un Depardieu. Outre la ressemblance physique et un cousinage possible coté paternel, je pense ressentir aussi sa soif de liberté ainsi que son instinct quasi mediumistique.
Ce roman s’inspire de votre vie n’est-ce-pas ? Peut-on parler de récit autobiographique ?
Si ce roman est grandement inspiré de ce que j’ai pu voir lors de ma vie de bohème, il est toutefois le fruit de mon imagination fertile, ainsi que de mes dons de conteur. Je ne suis qu’un saltimbanque après tout ! Un ami qui est auteur pour la série-noire de Gallimard, m’avait confié que mon manuscrit lui faisait penser à un « San-Antonio-intello »… Je l’ai pris comme compliment et je remercie Nombre7 de m’avoir ouvert ses portes.
Pourquoi avoir ressenti le besoin d’écrire ? Vous auriez pu réaliser une pièce de théâtre pour vous exprimer ?
Aviez-vous besoin d’un nouveau support à votre créativité ?
Ce roman ne serait pas réalisable sur une scène de théâtre mais je souhaite, que grâce à vous peut-être, nous puissions en faire une adaptation cinématographique !
Qu’en dites-vous? Les dialogues sont très faciles à écrire et je les ai déjà presque tous… Peut-être Monsieur Lelouch se sentirait encore l’énergie de le faire?
Le Japon, depuis bien longtemps, vous a tendu les bras et ne vous a plus laissé de partir.
Qu’y avez-vous trouvé que vous n’aviez pas en France ?
C’est assez étrange pour moi, car je n’ai jamais été un
fan de la culture japonaise, ni de sa nourriture, ni de ses mangas. Juste de
ses motos des années 70-80, qui représentent pour moi des chefs-d’œuvre…
C’est en partie grâce à mon épouse très japonaise et descendante par sa mère
d’une famille de Samouraï que je m’y plaît. J’aime aussi la situation
géographique de la région qui permet de découvrir des pays voisins formidables.
Ma femme et moi sommes devenus amoureux de la Russie extrême-orientale qui
constitue pour nous, l’Europe à 2 heures de Tokyo…
Dan, je vous remercie de votre confiance. Je vais prendre quelques jours pour réfléchir à votre proposition mais qui sait … peut-être 2020 s’annonce pour moi comme l’année des bouleversements. De rédactrice à scénariste, n’y aurait-il qu’un pas ?