La résilience, cette capacité que nous avons à affronter les choses de la vie, est une arme secrète enfouie à l’intérieur que nous ne soupçonnons pas toujours. En littérature, la résilience est un état qui est régulièrement mis en lumière par de grandes odyssées sentimentales, familiales ou professionnelles. Les personnages et les destins que nous leur traçons nous emmènent dans des sentiers parfois encore inconnus qui nous renvoient à notre propre chemin de vie, et à notre faculté à être résilient avec ce que la réalité nous propose.

Un sujet particulier

Corinne Benestroff, psychologue clinicienne et docteur en littérature française, disait : « il s’agit de résilier le contrat avec le malheur ». La résilience se fraie un chemin là où la fragilité tend à brûler sur son passage ce qu’il reste du drame. Cette bascule est certainement l’élément qui fascine le lecteur.

Ce dernier se prend d’affection pour le personnage et vit à travers lui les sentiments négatifs (ou positifs). Dans le cas des romans initiatiques, le lecteur, absorbé par les émois du personnage additionnés aux siens, s’interroge à son tour. Comment aurait-il réagi ? Dans quels états, un accident de voiture ou encore une perte d’emploi, par exemple, pourraient-ils le mettre ? À ces questions, il trouve des réponses dans le parcours du héros. Ensemble, ils sillonnent les émotions afin de cheminer sur l’existence et ainsi, la regarder par un nouveau prisme, jusque-là, occulté ! Mais alors, quels ingrédients retrouve-t-on dans des récits où la résilience est reine ? Quelle trajectoire et quels éléments incorporer pour que l’itinéraire intime et émotionnel puisse changer le cours d’une potentielle tragédie ?

Un bouleversement narratif à la hauteur d’une potentielle guérison

Nos forces de résilience se réveillent communément suite à un choc, un évènement traumatique de la vie. Lorsque vient le moment d’imaginer ou de mettre sur papier un épisode marquant qui aura des conséquences physiques ou psychiques pour le personnage, il faut être vigilant. Bien souvent, le lecteur doit pouvoir trouver un élément, un sentiment, un lien entre les personnages ou encore un lieu, auquel se raccrocher pour s’identifier à la situation, et que la magie opère.

Cela peut être difficile à saisir lorsqu’il s’agit de témoignages autobiographiques. Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire afin de la rendre universelle, non, mais simplement, de songer au fait que cet écrit a pour but d’être lu (voire publié). Le bouleversement est un passage clé dans la trame narrative, puisqu’il va ouvrir la voie aux différentes étapes qui vont aider le personnage à se relever et se révéler. Plus il est fort et bien construit, plus la fin et les capacités de résilience du personnage seront mises en valeur.

Attention à ne pas tomber dans le mélodrame ! Certains pensent à tort que les fioritures et les grandiloquences impressionnent et titillent le lecteur. Faux, ce dernier est un être humain comme vous et moi. L’auteur se doit d’être à la hauteur de la sincérité et de la confiance qu’il lui accorde. Pour ce faire, rien de plus honnête que la vérité de l’instant pour avancer collectivement.

Un regard neuf sur soi

L’élément déclencheur auquel j’ai fait référence lors du paragraphe précédent attise chez notre héros ses émotions les plus vives. S’en suit cette quête vers la résilience ! Dans la vie comme durant l’écriture, il arrive que l’on se trouve au pied d’un mur. C’est à ce moment précis que les lecteurs se découragent également. Ils se sont attachés à votre personnage et ont envie qu’il s’en sorte.

Pour que la résilience cueille vos lecteurs, il vous faut passer par l’étape cruciale de la remise en question. Le héros aura déjà accompli des pas de géants pour affronter son traumatisme et retrouver un peu de sa vie d’avant. Cette remise en question permet généralement de renforcer l’empathie du lecteur pour le héros.

Quoiqu’il en soit, cette réflexion se fait rarement seule. Dans le cas d’un ouvrage où la résilience est un des enjeux principaux, les relations aux autres que nourrit le héros sont essentielles. Elles vont constituer une béquille grâce à laquelle, il va apprendre à marcher et avancer de nouveau. Alors, ne prenez pas à la légère l’importance de l’Autre dans la construction de votre récit.

Regarder vers l’avenir

Je ne vous apprends rien si je vous dis que la fin d’un récit est une partie dont il faut prendre extrêmement soin. Ce sont les derniers instants qui vous lient au lecteur. C’est un moment somptueux et douloureux à la fois. Lorsque l’ouvrage concerne la résilience, la fin se veut précise et fine. Elle marque l’ultime étape de ce voyage riche en émotions et en rebondissements. Ensemble, vous avez cheminé et c’est ce que la fin doit mettre en valeur. Vous pourrez ainsi plus facilement rappeler, de manière implicite ou non, comment votre héros a trouvé une forme de résilience et, grâce à cela, peut se tourner vers l’avenir.

J’aimerais attirer votre attention sur « l’après ». N’oubliez pas que le personnage peut à nouveau souffrir par la suite. La résilience n’est point une armure magique qui nous protège de tous les malheurs de l’existence ! En revanche, situer votre personnage dans une certaine dynamique avec de nouvelles perspectives intimes ou professionnelles peut être pertinent. Cela répond à un besoin d’espoir ! À la manière d’un voyage initiatique, chaque péripétie de votre récit a permis au héros de se réaliser. Ce recul lui offre désormais l’opportunité de sauter à pieds joints vers des lendemains heureux.

Pour conclure, la résilience est une force que vous avez la chance d’éveiller chez votre lecteur si tenté que vous l’accompagniez en puisant dans des ressources auxquelles nous avons tous accès, celles du cœur !

Shivam Goossens
Auteur


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