Nicolas Perruche-Serda, l’auteur de L’Apprenti de l’Ombre nous a proposé de prendre la parole sur cette tribune. You are welcome Nicolas !

L’Heroic fantasy dénonce le système !

L’univers fantastique ou encore l’heroic fantasy a d’abord pour but le divertissement (aussi bien pour l’auteur que pour le lecteur). En effet, imaginer un monde où vous contrôlez vos personnages et leurs destins, c’est assez plaisant. Vous êtes le maître de votre histoire.
Cependant, de nombreux récits sont assez proches de notre réalité…

L’univers fantastique : Le miroir de notre société 

Quand j’ai écrit “L’Apprentie de l’Ombre”, c’est avant tout pour m’évader, avoir mon propre monde. Mais les aventures que subit Karis Balor, protagoniste de l’histoire, nous démontrent que la femme fait face à un monde d’hommes (où le sentiment ou la considération n’a pas forcément sa place). Ou plus largement que la loi du Talion, dite du plus fort, régit notre société. 

L’ambition, le pouvoir ont toujours été source de vice pour l’humanité. Il y a aujourd’hui malheureusement une élite dirigeante et les oubliés, ceux qui subissent. Finalement, tous les récits montrent souvent les défauts du genre humain.

Karis Balor : De l’enfance à l’âge adulte

Karis Balor est une jeune fille, naïve et innocente. Comme beaucoup de personnes, elle vit en dehors des réalités. 

Dans le livre, dans la première partie, Karis est élevée par des prêtres et vit une vie paisible, loin de la misère et de la guerre. Pourtant, certains événements vont bouleverser son quotidien. 

Un meurtre, des pillages… voilà qui peut choquer à jamais un enfant. Comme toutes les personnes fragiles, les enfants et les femmes sont victimes de la violence de notre société. On le voit dans la vie de tous les jours…

Puis, Karis Balor, en tant que femme (dans les deux autres parties), bien qu’endurcie, reste encore un être qui doit se battre pour sa liberté et le respect. 

Cette représentation dans le livre, de l’enfant à la femme, est plus ou moins un fait réel dans notre société actuelle.

Entre politique et géopolitique

La fantasy, c’est aussi une représentation de la géopolitique. Yves Lacoste affirmait que l’Histoire de notre monde était construite grâce à la guerre (la guerre, c’est les fondements de la géographie). Les frontières, les pays ou encore les royaumes, ne sont fondés que par une succession de conflits. 

Dans l’Apprentie de l’Ombre, Karis est au coeur d’un conflit mondial entre l’ouest et l’est (L’empire Darsien et la Coalition de l’Est). On pourrait aisément comparer ce conflit à celui de la guerre froide (je vous rassure, cela n’était pas mon intention). 

Tout cela pour dire que la guerre reste au cœur d’un roman fantastique. Sans bataille, sans intrigue politique, la fantasy ne serait plus la même. 

Les guerres de territoire, de religion… ont toujours été sources d’inspiration pour une histoire. 1984 de Georges Orwell prenait bien l’exemple du troisième Reich avec les fameuses chemises brunes et son régime totalitaire. 

L’heroic fantasy, ce n’est pas cet idéal : le Bien contre le Mal mais bien le monde réel dans un monde fantastique. Les intérêts de chacun, les trahisons … peut-être oserais-je dire les méfaits de la mondialisation et de l’individualisme (si on compare à la situation actuelle).

Je peux donc affirmer ici que la fantasy n’est finalement que le reflet de notre monde, de sa gestion et des ambitions de certains politiciens.

Pourquoi écrire ? 

Écrire sert à divertir, analyser, démontrer ou encore dénoncer. Jean de La Fontaine utilisait l’animalisation dans ses poèmes pour critiquer la société; Molière, ses pièces de théâtre ou Georges Orwell, la science-fiction. Des genres littéraires très différents (et des époques différentes) mais toujours un même objectif : analyser et dénoncer les failles de notre système ou pire… dénoncer un régime qui contrôle l’information et qui exploite les peuples. 
On se rapproche de plus en plus de cette vision apocalyptique. Le côté obscur de l’intelligence artificielle va-t-elle prendre possession de nos pensées et de notre liberté d’expression ? (et affecter la littérature ?)

Enfin, écrire est selon moi, avant toutes choses, un moyen de s’exprimer et d’échapper pendant un laps de temps à la réalité (même si je m’inspire de mon entourage pour raconter mes histoires). 

Et vous, qu’en pensez-vous ?


Cette tribune est la vôtre et si vous souhaitez nous soumettre un éditorial nous le publierons volontiers . Il ne s’agit pas ici d’une simple présentation de vos livres mais bien d’aborder des sujets d’intérêt général : une mise en perspective de vos ouvrages et de votre expérience


Gilles Arnoult

Éditeur et Directeur chez Nombre7 Editions, c'est un parcours multiple qui m'amène aujourd'hui à intervenir dans cet environnement littéraire qui m’a accompagné toute ma vie. Je suis à présent acteur de ce secteur avec un projet destiné à faire émerger de nouveaux auteurs et définir une "nouvelle frontière" pour l'édition.

1 commentaire

Alain BLED · 12 mars 2020 à 7 h 43 min

Effectivement, la fantasy, , comme beaucoup de romans se déroulant aussi bien dans le passé que dans le futur, fait souvent référence à notre société actuelle, ou en devenir. J’ai moi-même publié un roman d’héroic fantasy dans ce sens, il y a deux ans ; et Nombre7 vient d’éditer mon roman d’anticipation, Démoncratie, carrément post-apocalyptique. L’action se déroule dans ma région, à la Réunion, mais le thème est universel et peut concerner non seulement une île, mais un pays, une planète entière. Ce qui est amusant -si l’on peut dire- c’est que ce roman sort pile-poil au début de l’épidémie de coronavirus, dont le premier cas vient d’ailleurs d’arriver chez nous ! Quand on voit que des gens, en temps normal, se battent pour vider les rayons des hypermarchés lors d’ une promo sur le Nutella, on peut se demander si ce sont les virus qui créeront l’apocalypse ou la bêtise humaine. Les livres de fantasy comme ceux d’anticipation sont souvent plus ancrés dans la réalité ou l’avenir concret, que bien des » feelgood » rassurants. Evidemment, c’est peut-être moins vendeur….;)

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