En plein actualité brûlante en Algérie, nous tenions à donner la parole à Khaled Boudaoui pour son roman Vivre en Deux Moi, le roman d’une quête d’identité. Si celle de Khaled est très personnelle, elle n’est pas sans rappeler celle de tout le peuple algérien, en quête lui aussi de sa nouvelle identité, de sa nouvelle liberté.

Bonjour Khaled, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis né à Oran en Algérie, j’ai longtemps été journaliste, dans la presse écrite et pour la télévision. J’ai également été animateur de radio dans une webradio, la première dans l’ouest d’Algérie, que j’ai créée en 2012. Mes études en sociologie mon conduit à me pencher, en parallèle, sur la recherche de patrimoine immatériel surtout celui de ma ville natale. Je suis passionné par la découverte scientifique et la littérature.
Je suis marié et père de deux enfants.

Comment passe-t-on du journalisme à l’écriture d’un roman ?

Etait-ce pour vous un parcours naturel, une suite logique de votre travail journalistique ?

Vivre en Deux Moi - Khaled boudaoui

Dans le passé, j’ai écrit quelques petites nouvelles, mais je n’avais jamais pensé à écrire un roman. L’idée m’est venue par hasard, en combattant ma maladie, le cancer. J’ai décidé, un jour, de reprendre ma vie en main et de laisser quelque chose derrière moi comme un témoin de mon passage dans cette belle vie. Donc j’ai relevé deux défis, un marathon et un roman. C’est après la réalisation de ces défis que j’ai compris que le cancer avait été pour moi un évènement, malgré tout, positif. Il m’a rappelé la valeur et la beauté de la vie, cette vie qu’il faut croquer à pleines dents.

L’histoire de Vivre en Deux Moi est-elle la vôtre ?

Non ce n’est pas la mienne. C’est l’histoire de centaines, pour ne pas dire de milliers d’individus qui ont souffert et souffrent toujours de problème d’identité. J’ai constaté que la plupart des gens qui ont deux cultures, sont toujours à la recherche de leurs identités, ils sont intégrés mais ils ne sont pas assimilés.

Vivre en Deux Moi

Mon roman parle d’un personnage issu d’un mariage mixte entre une française et un algérien, ce personnage vit à la recherche de son identité dans deux périodes différentes, avant et après l’indépendance de l’Algérie. Ce que je peux dire c’est que la dualité identitaire montre une véritable difficulté pour se positionner dans la société, et rare ceux qui ont pu la dépasser. Mon roman est une fiction certes, mais elle est influencée par la vie de quelques personnes que j’ai côtoyées.
Au fond de moi, je voudrais que cette personne aux deux cultures ne se sentent plus comme la moitie d’un tout mais qu’elle se sente complète.

Votre roman, évoque la difficulté de vivre entre deux cultures, est-ce l’une des difficultés du peuple algérien aujourd’hui, tiraillé entre un besoin de modernité et le poids des traditions ?

En Algérie, je pense que les traditions ne sont plus un problème de conflit de premier degré. Elles existent, mais ne sont plus aussi marquantes qu’elles l’étaient après l’indépendance du pays et pendant plusieurs décennies. A l’époque chacun tentait de trouver une place entre traditions et modernité.

Les traditions, on les trouve dans toutes les sociétés avec un poids diffèrent.


Maintenant ce n’est pas le même discours. On ne parle plus d’une société traditionnelle ou bien d’une société moderne. Une nouvelle société est en émergence, celle-ci est entrain de dépasser la dualité traditions-modernité. Le seul problème pour moi, c’est la nature de cette modernité. Il y a ceux qui veulent une modernité à l’occidentale et d’autres qui veulent une modernité venue de leur propre culture. Pour moi, on doit construire une culture qui englobe modernité locale et extérieure, toute en gardant notre Algériennité sans aucune exclusion.

Que peut-on vous souhaiter et souhaiter au peuple algérien pour les prochains mois ?

Le peuple algérien a prouvé qu’il a beaucoup de civisme. Son mouvement est maître de lui-même. Des femmes est des hommes défilent dans les rues d’une façon très structurée. Les manifestations, qui font les unes des journaux nationaux et internationaux, à vocation pacifique, ne sont qu’un acte de civisme. Le peuple veut changer la situation du pays.
Moi ce que je peux dire en ce moment précis, c’est que nous avons besoin d’une grande mobilisation pour faire émerger une nouvelle élite. Elle aura pour mission de créer un projet sociétal et politique fort, capable de répondre aux attentes des algériens et aux attentes internationales pour la dimension humanitaire. Et elle devra aussi réunir les algériens loin de tout slogan de division pour réussir à construire une nouvelle Algérie.

Olivia Mahieu – Rédactrice web chez Nombre7 Editions


Gilles Arnoult

Éditeur et Directeur chez Nombre7 Editions, c'est un parcours multiple qui m'amène aujourd'hui à intervenir dans cet environnement littéraire qui m’a accompagné toute ma vie. Je suis à présent acteur de ce secteur avec un projet destiné à faire émerger de nouveaux auteurs et définir une "nouvelle frontière" pour l'édition.

1 commentaire

Samy Ouis · 18 mars 2019 à 21 h 57 min

Encore une autre victoire. Tu as pu traduire ton propre univers a des mots et des phrases qui ciblent les coeurs. Très content de te voir avancer et espérant voir d’autres défis relevés. Tu mérites vraiment le médaillon du courage et de la persévérance. J’espère enrichir ma bibliothèque de tes œuvres . Continue à nous faire vivre ce double je.

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