Après Nicolas Perruche-Serda, qui avait inauguré cette rubrique Parole d’auteur, cette semaine, nous accueillons un très jeune auteur, Matéo, qui depuis l’âge de 15 ans s’est engagé en poésie .
Un gros mot ?
Pour beaucoup, la Poésie est aujourd’hui un grand mot, voire un gros mot ! Un mot qui nécessite une connaissance de cet art pour pouvoir le lire. Pour d’autres -et moi le premier-, ce mot est synonyme de beauté, lyrisme et vitalité. En effet, la poésie n’est pas qu’une mine de mots incompréhensibles et d’expressions farfelues que seuls les érudits littéraires parviennent à décrypter. La Poésie, nous en avons besoin et sa naissance il y a bien longtemps en est un véritable témoin. C’est un véritable plaisir que de travailler avec les mots, leur richesse, leur préciosité et leurs sons pour former un ensemble magnifique.
Et Matéo de convoquer Baudelaire
Nous avons besoin d’émotions, de sentiments et la Poésie en est une source inépuisable. « Il faut vous enivrer », affirme Charles Baudelaire, « De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ». Attention à l’enivrement au vin, mieux vaut choisir la Poésie, elle est moins nocive ! Le premier est un horrible vice, le deuxième une extraordinaire échappatoire.
Il nous faut donc nous enivrer de Poésie pour aller au-delà du temps qui passe. On le sait, il passe bien vite… D’ailleurs, le tempus fugit est un sujet bien apprécié par les poètes. Peut-être même écrivent-ils sur lui pour tenter de l’arrêter un instant, le temps de poser leur encre sur papier… Le temps, Baudelaire l’appelle « Ennemi » dans le poème éponyme. Il y fait la liste de ses actions négatives sur la vie et tente de les contrer par la puissance de son art.
Elle nous permet aussi de transcender notre quotidien. En effet, nous répétons sans cesse les mêmes activités, enfermés dans la routine, qui n’exclue personne. Elle est la solution de facilité pour rêver et accéder à la beauté pendant un moment. Le fait de profiter de l’instant présent, Horace le met en avant dans l’un de ses poèmes où l’une des locutions est célèbre aujourd’hui : « Carpe diem ».
L’invitation au rêve dans la Poésie est aussi facilement illustrable par le courant surréaliste : une forme où la raison n’est pas contrôlé, complètement libre et offre ainsi à chaque lecteur sa propre interprétation.
Et Théophile Gautier
La Poésie, c’est aussi la manipulation des mots et des sons. Elle est belle car l’utilisation des mots l’est aussi.
« Des mots rayonnants, des mots de lumière, avec un rythme et une musique, voilà ce qu’est la poésie », selon Théophile Gautier.
La spécificité des sons dans la Poésie lui permet une insertion dans la vie de tous les jours plus simple qu’un autre art : au Moyen-âge, elle était chantée par les troubadours. Aujourd’hui encore, on en trouve accompagnée par la musique dans le slam, par exemple.
Shakespeare ?
Aussi, nous sommes tous des poètes, chacun à notre manière et pour cause : le monde est une poésie. Pour Shakespeare, « la poésie est cette musique que tout Homme porte en soi ». Dans le monde, la Poésie est partout : la nature, les forêts, les mers et les terres ; l’amitié, l’amour et la haine. Et que seraient ces paysages et sentiments sans poésie si jamais ils ne sont pas la poésie elle-même ? Selon moi, pas grand-chose. Elle est l’une des essences de l’humanité. Vous êtes un poète puisqu’on l’est tous et vous l’exprimez à votre propre manière : par l’écriture, la musique, la photographie ou autre, chacun, à sa manière, écrit la Poésie de sa vie, qui constitue le grand poème du monde. Pour finir, j’aimerais vous partager cette phrase de Baudelaire (et oui, encore lui !) que j’aime particulièrement, elle introduit même mon recueil : « La Poésie (…) n’a pas d’autre but qu’Elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Alors n’ayons pas peur des mots, écrivez si le plaisir vous y invite !
C’est donc bien triste de voir que la poésie brute et pure, sur papier, soit si peu lue.
À l’impératif donc,
enivrez-vous de poésie !
Cette tribune est la vôtre et si vous souhaitez nous soumettre un éditorial nous le publierons volontiers . Il ne s’agit pas ici d’une simple présentation de vos livres mais bien d’aborder des sujets d’intérêt général : une mise en perspective de vos ouvrages et de votre expérience